Sur le côté, sur le côté, sur le côté…

Range Rover Sport 5.0 V8 Supercharged SVR

Pour une fois, nous n’avons pas voulu égaliser la consommation normalisée, mais tout simplement voir de quoi est capable le Range Rover Sport SVR. Et vu que celui-ci peut atteindre 260 km/h selon Land Rover, nous nous sommes rendus de l’autre côté de la frontière allemande. Pas pour améliorer le record du tour de 8 minutes et 14 secondes établi sur la ‘Nordschleife’ de Nürburgring, mais bien pour pouvoir appuyer sur l’accélérateur sans risquer une amende ou pire.

Texte: Jan Van Geel – Photos: Land Rover

L’intitulé de cet essai se veut moins agressif que ce qu’il pourrait paraître à première vue. Nous n’étions pas pressés lorsque nous enfoncions l’accélérateur et nous n’avons assurément intimé à personne l’ordre de se rabattre sans tarder sur la bande de droite. Nous avons cependant constaté que les usagers plus lents se rabattaient spontanément lorsque le mastodonte bleu vif apparaissait dans leur rétroviseur. Même lorsque nous ne dépassions pas les 120 km/h. Des réactions qu’entraînait l’avant imposant aux couleurs noir et ‘Estoril Blue’, la couleur pouvant être combinée uniquement avec la version super sport supérieure. 

Luxe sportif

Le SVR est ultra sportif, également lorsqu’il s’arrête et qu’aucun grondement brutal ne sort des pots d’échappement. Le bouclier avant avec ses prises d’air trapézoïdales et le bouclier arrière et ses quatre sorties d’échappement respirent la puissance à l’état pur. A l’avant, le SVR est également équipé d’une section filtrante amovible qui atténue mieux les bruits du vent, qui améliore l’aérodynamisme et qui réduit la portance avant. Les pneus larges quatre saisons (275/45 R 21) montés sur des jantes en alliage garantissent une adhérence suffisante en toutes circonstances.

A l’intérieur, on remarquera surtout les sièges sport avec appui-tête intégré. A l’instar des sièges arrière redessinés, ils offrent un soutien latéral supplémentaire dans les virages rapides. Grâce à ces adaptations, l’habitacle du SVR propose quatre places assises et de l’espace pour un cinquième passager. Tous les sièges sont finis en luxueux cuir ‘Windsor’ et arborent le logo SVR. Le confort d’assise est excellent, bien que les assises ne soient peut-être pas suffisamment larges pour tout le monde.

Rien à signaler au niveau de la position assise au volant. L’assise haute par rapport au sol et le capot garantissent une bonne vue d’ensemble sur le trafic devant soi. Autre point positif: l’utilisation simple et conviviale de tous les boutons et commandes.

550 ch et boîte automatique intelligente

Au cœur du Range Rover Sport SVR se trouve une évolution du moteur V8 suralimenté de 5,0 litres. Ce moteur affiné développe 550 ch et 680 Nm. Permettant ainsi au SVR de passer de 0 à 100 km/h en seulement 4,7 secondes et d’atteindre une vitesse maximale limitée électroniquement de 260 km/h. 

Cela peut paraître invraisemblable, mais selon Land Rover, cette version super sportive présente une consommation de carburant moyenne de 13,0 litres aux 100 kilomètres.

Le V8 est associé à une boîte automatique à 8 rapports avec changements de vitesse adaptatifs qui tient compte de l’accélération et du freinage, des poussées latérales, des rétrogradages, et même de l’angle des pentes. La boîte de vitesses permet au conducteur de changer les vitesses de façon totalement automatique ou manuelle. En mode manuel, les vitesses se changent via les palettes au volant ou en poussant le levier de vitesse vers l’avant pour les rétrogradages ou vers l’arrière pour passer les vitesses supérieures.

Prudence sur les routes belges

Sur les routes belges, nous avons respecté le plus possible les limitations de vitesse. Ce qui n’était pas facile avec une voiture qui accélère sans peine et, surtout, sans qu’on ne le remarque. Après avoir enfoncé prudemment l’accélérateur, le pied droit glissait même directement vers le frein pour respecter la vitesse autorisée. Ce qui n’était pas vraiment agréable, mais nous a permis de limiter la consommation d’essence. Pour une conduite rapide mais maîtrisée sur parcours mixte, l’ordinateur de bord a calculé des moyennes entre 11,3 et 12,9 litres aux 100 kilomètres.

Pour une voiture de sport, le SVR dispose d’une suspension étonnamment confortable. Rigide, vous continuez à ressentir les irrégularités dans la chaussée, mais la plupart des chocs sont plus que raisonnablement amortis. Nous avons par contre trouvé moins bon le temps de réaction de la boîte automatique à faibles vitesses et bas régimes. Celle-ci hésitait un peu trop longtemps par exemple pour dépasser rapidement des véhicules lents. Le SVR se pilote de façon très directe, mais les petites corrections du volant à vitesses élevées exigent un peu trop de force. Celles-ci étaient parfois nécessaires en raison de la sensibilité aux ornières sur routes mal entretenues. 

Pied au plancher sur ‘l’Autobahn’ allemande

Dès que nous avons vu apparaître le panneau ‘Richtgeschwindigkeit 130’ après la frontière, nous avons directement enfoncé l’accélérateur pied au plancher. Nous roulions alors à 120 km/h. Après une brève hésitation, la boîte automatique à huit rapports fluides a trouvé la bonne vitesse et l’accélération nous a alors collés à notre dossier. Le SVR n’accélérait pas comme une sportive pure-souche, mais plutôt comme un avion qui prend de la vitesse pour s’élever: de façon fluide, maîtrisée et sans interruptions. Même les 550 ch ne pouvaient pas camoufler totalement le poids à vide minimum de 2.333 kg. Au début, les transitions entre les vitesses se remarquaient à peine. Ce n’est que lorsque la boîte passait de 6ème en 7ème et de 7ème en 8ème à 220 km/h que l’on ressentait la boîte automatique passer à la vitesse supérieure et l’accélération diminuer quelque peu.

Nous n’avons pas atteint la vitesse supérieure promise de 260 km/h. Lorsque l’aiguille du compteur approchait des 240 km/h, toutes sortes de bruits indéfinissables nous faisaient relâcher l’accélérateur. A l’écran d’information apparaissait un panneau routier rond blanc traversé par un trait noir plein en biais. Un peu plus tard, la vitesse était entre-temps retombée à 180 km/h et nous étions revenus de notre surprise, de telle sorte que nous avons à nouveau enfoncé totalement l’accélérateur. A cette seconde tentative également, la voiture a émis un bruit de protestation et nous avons à nouveau relâché l’accélérateur. Land Rover nous a fourni l’explication suivante: le panneau routier apparaissant constitue un avertissement pour indiquer que le système de reconnaissance des panneaux de signalisation ou ‘Trafic Sign Recognition’ ne fonctionne plus au-delà de 240 km/h. Et cet avertissement s’accompagne d’un signal sonore. 

A ces vitesses, la tenue de route était très bonne, mais pas parfaite. Surtout dans les petits virages sur une chaussée légèrement ondulée, la voiture procurait une sensation un peu imprécise mais pas dangereuse. Les accélérations pied au plancher n’étaient par contre pas favorables pour l’autonomie. L’ordinateur de bord a calculé une consommation moyenne de 20,4 litres aux 100 kilomètres. Même avec un réservoir de 105 litres plein, vous serez ainsi bon à refaire le plein d’essence coûteuse après 500 kilomètres.

De préférence un peu plus silencieux

Le SVR constitue le véhicule parfait pour se faire remarquer au niveau non seulement visuel, mais aussi acoustique. Et ce grâce au système d’échappement à deux étages à soupapes à commande électronique. Celui-ci donne une sonorité inspirée des voitures de course dans les plus hauts régimes, mais n’influence pas négativement le raffinement à vitesses constantes. Dès 3.000 tours, un grondement profond et exaltant s’échappait des quatre sorties, suscitant parfois des réactions effrayées ou étonnées chez les autres usagers de la route. Nous-mêmes n’aimons pas nous faire remarquer ni le bruit, c’est pourquoi nous ne sommes pas fans de tels gadgets. Vu que les grands SUV sont en outre confrontés à une image polluante voire même agressive, ces bruits de grondement et parfois de détonation ne nous semblent pas constituer une primeur mondiale intelligente.

En bref

Le service ‘Special Operations Team’ de Jaguar Land Rovers a conçu le SVR comme le Land Rover le plus rapide, le plus maniable et le plus réactif jamais assemblé, tout en conservant en outre le confort de conduite et les capacités tout-terrain de ses frères moins sportifs. Une belle réussite de la part des Britanniques.

Le SVR est un compromis qui marie étonnamment bien sport et confort et, avec un style de conduite maîtrisé, la consommation d’essence reste encore tout juste acceptable. Le Range Rover Sport le plus cher vous coûtera 128.600 euros sans option. Ce prix élevé ainsi que le fait que vous ne pourrez que rarement lâcher vos 550 chevaux sur les routes belges influencent apparemment peu le succès de ce Land Rover le plus sportif à ce jour. Si vous commandez votre SVR aujourd’hui, sachez qu’il vous faudra attendre environ six mois avant que votre nouvelle voiture soit livrée.

(in kader)

Bon

  • Moteur puissant et souple
  • Tenue de route excellente
  • Boîte automatique 8 rapports avec changements de vitesses en douceur
  • Finition luxueuse et de qualité
  • Excellente position assise au volant
  • Sièges confortables à l’avant et à l’arrière
  • Tableau de bord clair et convivial

Peut mieux faire

  • Consommation par conduite très sportive (inévitable)
  • Stabilité (au-dessus de 220 km/h sur chaussées de moins bonne qualité)
  • Sensibilité aux ornières
  • Prix élevé (par rapport aux autres versions)

FICHE TECHNIQUE

Range Rover Sport 5.0 V8 Supercharged SVR
Carrosserie
Constructioncarrosserie autoportante, break
L x l x H4850 x 2073 x 1780 mm
Empattement  2923 mm        
Compartiment à bagages489-1.761 l
Poids2333 kg          
Moteur & performances
Typeessence suralimenté, V8, 5000 cc      
Puissance405 kW/550 ch  @ 6000-6500 tpm   
Couple680 Nm @ 3500-4000 tpm    
Vitesse max.260 km/h
0-100 km/h 4,7 s    
Consommation EEC13,0 l/100 km
Réservoir105 l    
EnvironnementEuro 6 
CO2298 g/km
Poids tracté (non-freiné)3000 (700) kg
Boîte de vitesses
Typeautomatique séquentielle
Rapports8
Prix
128.600 €