Mission accomplie
Après la présentation détaillée et les premières impressions (Black Oval 7 et 8), voici un compte-rendu de pratiquement 900 kilomètres parcourus sur terrains variés à bord du nouveau Range Rover. Si nous avions déjà remarqué au Maroc qu’il présentait une tenue de route plus sobre et plus agréable que son prédécesseur, nous avons surtout été impressionnés dans notre propre pays par son excellent confort d’assise et sa consommation invraisemblablement faible. Même si cette quatrième génération présente encore quelques points pouvant être améliorés.
Texte: Jan Van Geel – Photos: Land Rover
Cet essai s’est concentré sur le 3.0 TDV6 ‘Autobiography’. Il s’agit de la version équipée du moteur le plus léger – le 3 litres turbodiesel retravaillé du ‘Sport’ et du ‘Disco’ – et qui présente le niveau d’équipement le plus cher. Nous n’allons pas répéter ici ce que nous avons déjà écrit dans les numéros 7 et 8 de ‘Black Oval’, mais bien vous expliquer ce que nous n’avions pas pu tester au Maroc: le confort d’amortissement sur nos fameuses routes en béton, le confort d’assise sur les longs trajets et la consommation de carburant avec un style de conduite normal à économe.
Format maxi
Le Range Rover est une voiture de grande taille. Cela se remarque directement quand vous entrez dans celle-ci ou quand vous en sortez: si vous ne laissez pas la suspension descendre à hauteur d’entrée via le petit bouton sur la portière avant gauche, il vous faudra de longues jambes pour entrer et sortir facilement de la voiture. Et vous vous rendrez compte de la taille des portières qui s’ouvrent très largement sur l’extérieur quand vous voudrez les fermer de l’intérieur: même les occupants aux bras longs devront se pencher vers l’extérieur pour attraper la poignée. Lors de la conduite, vous aurez cependant vite oublié ces désagréments, surtout sur les sièges avant souples et aux dimensions royales de la super version testée. Sur ceux-ci, tout le monde trouvera sa position assise parfaite. En outre, vous êtes assis très haut au-dessus du sol et du capot, ce qui garantit une bonne visibilité sur le trafic devant vous. Pour les longs trajets, seul le repose-pied plat nous a dérangés car il confine votre pied gauche dans un angle un rien trop ouvert.
Les sièges avant de la version ‘Autobiography’ sont non seulement chauffés et climatisés, mais ils ont aussi une fonction massante à intensité réglable. De telle sorte que vous sortirez frais et détendu de la voiture, même après un trajet de 8 heures. Davantage de luxe ne signifie pas toujours davantage de confort, comme l’a démontré le revêtement du volant. Mariant cuir et bois, celui-ci est moins agréable au toucher que le revêtement cuir intégral. Les acheteurs d’un ‘Autobiography’ retrouveront toutefois le volant à revêtement cuir intégral en option gratuite dans la liste des équipements.
Le confort d’assise à l’arrière a été amélioré, mais on n’a pas l’impression que l’espace pour les jambes a augmenté de 12 centimètres. De plus, la hauteur d’assise reste encore une fraction trop basse pour les passagers aux longues jambes, mais – et il s’agit là d’une véritable amélioration – ceux-ci peuvent désormais glisser leurs pieds sous les sièges avant. En raison de la forme de la banquette arrière, le Range Rover est en fait un modèle 4+1 places. Le passager du milieu devra en effet se contenter d’une place beaucoup trop étroite sans accoudoirs et avec un appui-tête beaucoup trop bas. Si cette place est destinée à rester toujours vide, vous pourrez alors envisager l’achat du pack ‘Executive Class’. Celui-ci comprend notamment deux sièges individuels de luxe avec fonction mémoire et massante, chauffés et climatisés et console centrale continue. Cette option vous coûtera 3.850 euros, et est compatible uniquement avec la version ‘Autobiography’.
Invraisemblablement économe
Grâce à son poids réduit, Land Rover a également pu monter un moteur TDV6 de 3 litres sans pertes de performances au niveau du moteur: le 4,4 litres V8 de 313 ch de la génération précédente était selon les spécifications techniques seulement 0,1 seconde plus rapide en accélération de 0 à 100 km/h que le V6 de 258 ch du nouveau modèle. La vitesse maximale différait à peine de 1 km/h à l’avantage du V8. Les chiffres de la consommation sont par contre très différents. Le TDV6 ne consommerait que 7,5 litres aux 100 kilomètres en moyenne, tandis que le TDV8 consommait selon Land Rover 9,4 litres aux 100 kilomètres.
Lors de l’essai détaillé du TDV8, qui est paru dans le numéro 12 de la revue sœur ‘My Land Rover Magazine’, nous avions noté sur autoroute une consommation moyenne de 9,6 l aux 100 km. Avec un style de conduite rapide normal sur routes secondaires, les chiffres oscillaient entre 11,4 et 13,9 l aux 100 km. Pour l’essai du TDV6, nous avons adopté un style de conduite comparable: anticipatif avec des manœuvres de dépassement maîtrisées, un pied droit léger et pas d’accélération pied au plancher. Sur les routes secondaires, la consommation oscillait généralement entre 8,9 et 11,9 l aux 100 km. Et sur autoroutes à des vitesses entre 110 et 130 km/h, le V6 affichait une consommation de 7,8 à 8,1 l aux 100 km.
Nous avons cependant noté ces derniers chiffres lorsque nous avons activé le régulateur de vitesse, non seulement pour enclencher une vitesse, mais aussi pour accélérer et freiner. Après un trajet de Dinant à Louvain en passant par Perwez, l’écran tft affichait une consommation moyenne d’à peine 6,6 l aux 100 km. Sur routes secondaires, le régulateur, dont nous adaptions la vitesse à chaque panneau de limitation, obtenait une consommation de 7,3 litres.
Le plaisir de conduite à l’état pur
Avec le moteur 3 litres moins puissant également, le Range Rover se conduit de façon très agréable. La souplesse du V6 est exemplaire, la boîte de vitesses à changements pratiquement imperceptibles ne fait qu’accroître le plaisir de conduite. Quand vous accélérez, le nez se lève légèrement et débute alors une accélération ininterrompue qui ne baissera que si vous enfoncez moins profondément le pied droit sur la pédale. La direction assistée électrique essuie surtout des critiques de la part des conducteurs sportifs parce qu’elle communiquerait trop vaguement le comportement des roues avant. Il est vrai que le Range Rover ne se pilote pas de façon aussi sobre et directe que l’Evoque, et qu’il faudra s’habituer à la faible résistance de la direction pendant les premiers kilomètres, mais cela ne signifie pas que le ‘Range’ n’est pas une voiture qui se conduit de façon agréable et précise. La seule chose à éviter avec le Range Rover, c’est un style de conduite brut et des virages serrés pris trop vite. Car les témoins du contrôle de stabilité commencent alors à clignoter et les chevaux ne se communiquent plus aux quatre roues motrices. Enfin, peu de remarques à formuler quant à l’isolation acoustique. En fonction de la vitesse et de la température du moteur, les bruits de vent, de roulage et du moteur s’entendent, mais ne sont jamais dérangeants.
Plutôt avec de plus petites jantes
Le Range Rover 3 litres n’est pas disponible avec le contrôle antiroulis actif ‘Dynamic Response’, même en option. Ce système, standard sur les versions SDV8 et V8 Supercharged, atténue l’inclinaison et le balancement de la carrosserie. Sans ce système, la suspension absorbe cependant mieux toutes les irrégularités. Malheureusement, nous n’avons rien remarqué de cela, parce que les voitures d’essai, équipées de série de jantes 21″, étaient chaussées de pneus à profils bas super larges 275/40 R 22. Cela nous a déplu surtout sur les routes en béton et les chemins non-stabilisés glissants. Les rainures entre les dalles de béton restaient clairement audibles et sensibles à toutes les vitesses, et dans les champs, nous avons dû sélectionner la position automatique ou le mode ‘herbe/gravier/neige’ du système Terrain Response 2 pour assure l’adhérence des pneus.
Nous aurions nous-mêmes commandé un ‘Autobiography’ avec des pneus de dimensions 235/65 R 19 ou éventuellement 255/55 R 20. Sur une chaussée ondulée, ceux-ci ne peuvent pas toujours empêcher le balancement de la carrosserie, mais ce n’est pas vraiment dérangeant. Pour 250 euros supplémentaires, nous commanderions aussi directement la roue de secours en alliage à part entière. Ce petit investissement ne pèse en effet pas lourd par rapport au désagrément de tomber à plat sur une départementale déserte dans les Ardennes du Nord de la France par un dimanche après-midi pluvieux et froid avant de devoir rentrer chez vous en vous traînant à 80 km/h.
Autobiography
‘Autobiography’, tel est le nom que portent aujourd’hui les versions supérieures du Range Rover. En association avec le moteur diesel 3 litres, cette version est proposée au prix de 114.900 euros dans le tarifaire. Pour ce montant, vous bénéficierez déjà de nombreux équipements, mais pas de tout, car même pour la version supérieure, Land Rover vous fera payer quelques suppléments. Les critères de sélection appliqués par Land Rover pour composer la liste des options et de l’équipement sont toutefois impénétrables pour nous. Car comment expliquer qu’il faille payer un supplément pour des vitres teintées à partir du montant B (500 euros), des feux antibrouillard à l’avant (200 euros), la fonction refroidissement de l’espace de rangement dans la console centrale à l’avant (370 euros), le moniteur d’angles morts (à partir de 530 euros), le système de stationnement automatique (690 euros), le système de rail au sol de l’espace bagages (340 euros) et même le kit légal (25 euros). Nombre de ces options sont tout simplement standard sur des voitures bien meilleur marché d’autres marques.
Les extras exclusifs ne font quant à eux pas défaut. La voiture d’essai était ainsi équipée de phares aux xénon adaptatifs avec éclairage des virages, d’un toit coulissant en verre panoramique avec store à commande électrique, d’un système de contrôle de la pression des pneus, de la commande électrique du hayon arrière en deux parties, d’un volant chauffant, du système de caméra périphérique et de la technologie double image pour l’écran tactile central – très pratique lorsque le passager veut regarder la télévision pendant la conduite. Le tuner télé numérique est d’ailleurs également standard. Vous trouverez un descriptif détaillé de l’équipement de base de la version ‘Autobiography’ sur le site Internet de Land Rover ou dans la brochure avec les prix et spécifications.
Points à améliorer
Aussi bon le nouveau Range Rover puisse-t-il être, il n’est cependant pas encore parfait. Les points négatifs comme l’accès difficile à la banquette arrière ont été gommés, mais il reste toutefois d’autres points à améliorer. Parmi lesquels le réglage du choix de la langue pour l’écran tft sur le tableau de bord et de l’écran tactile central dans la console centrale. Comme pour l’Evoque, il faut sélectionner la langue souhaitée pour chaque écran séparément, ce à quoi on ne s’attend pas d’un véhicule qui veut surtout être convivial.
C’est également comme si Land Rover faisait tester ses créations uniquement par des personnes de plus petite taille avant de les mettre en production. Avec les sièges avant en position la plus reculée, il reste encore et toujours une ouverture d’environ 15 centimètres entre le pare-soleil latéral et le montant de la porte, permettant naturellement ainsi au soleil bas de pénétrer par cette ouverture. Un prolongateur escamotable suffirait pour éliminer ce point négatif d’une manière simple et bon marché. Utiles et sensés, l’indication chiffrée de la vitesse ainsi qu’un store enrouleur transparent pour protéger du vent, des coups de soleil et des insectes font par contre encore et toujours défaut. Ce dernier accroîtrait le confort intérieur lorsque le toit vitré est ouvert. Ces équipements ne doivent pas être vraiment coûteux car le Discovery 4 bien meilleur marché en est, lui, bel et bien équipé.
La capacité de la batterie, enfin, reste un point faible – commun à de nombreuses voitures dotées de nombreux équipements de confort à commande électrique. Ainsi, les sièges chauffants et la fonction massante, par exemple, ne fonctionnent que lorsque le moteur tourne. Et si vous regardez la télé sans faire tourner le moteur, le système de gestion de l’énergie vous fera savoir après un petit moment que le système va couper ‘dans 1 minute’.
En bref
Un Range Rover ne doit pas nécessairement disposer d’un moteur V8 ou d’un moteur essence sous le capot pour être un Range Rover à part entière. Avec le moteur 3 litres V6, cet allroader en aluminium constitue un véhicule polyvalent qui ne vous décevra jamais ni nulle part. Il s’agit d’une voiture dans laquelle vous vous sentirez directement chez vous et en sécurité, et qui vous surprendra par son moteur économe. Même après sept jours d’essai, il faudra toutefois encore s’habituer aux dimensions de la carrosserie: pour une voiture d’une longueur de 5 mètres, vous devrez toujours chercher plus longtemps une place de parking et sur les routes étroites, il conviendra de bien estimer les distances et de faire attention lorsque vous croiserez quelqu’un avec votre Range Rover de 2 mètres de large.
Reste à savoir s’il faut acheter un ‘Autobiography’ voire même un ‘Vogue’ pour profiter de façon optimale du nouveau Range Rover. Notre réponse sera brève et évidente: ‘non’. La version de base ‘HSE’, qui ne fera son apparition dans les salles d’exposition qu’en août, offrira le même plaisir de conduite, mais coûtera 13.700 euros de moins que la version ‘Autobiography’ et 10.000 euros de moins que la version ‘Vogue’. Par ce choix, vous devrez toutefois vous passer des sièges avant avec climatisation et fonction massante ainsi que de la banquette arrière climatisée parce que ces extras ne seront pas compatibles avec la version de base, même moyennant supplément. Pour 1.930 euros, vous pourrez par contre commander en supplément le toit coulissant panoramique, parce que celui-ci crée une sensation d’espace exceptionnelle.
(in kader)
Bon
- Moteur suffisamment puissant
- Boîte automatique à 8 rapports souple
- Consommation invraisemblablement basse (pour un style de conduite calme)
- Position assise parfaite
- Excellent confort d’amortissement
- Excellente isolation acoustique
- Tableau de bord clair et convivial
Peut mieux faire
- Confort d’amortissement sur les routes en béton (avec des pneus 22″)
- Options inattendues (pour une version supérieure)
- Détails de finition et commande (pare-soleil, store enrouleur, choix de la langue)
- Capacité de la batterie pour l’utilisation des équipements de confort (sans faire tourner le moteur)
FICHE TECHNIQUE
Range Rover 3.0 TDV6 Autobiography | |
Carrosserie | |
Construction | carrosserie autoportante, break |
L x l x H | 4999 x 2073 x 1835 mm |
Empattement | 2922 mm |
Espace bagages | 909-2030 l |
Poids | 2160 kg |
Moteur & performances | |
Type | turbodiesel, V6, 2993 cc |
Puissance | 190 kW/258 pk @ 4000 tpm |
Couple | 600 Nm à 2000 tpm |
Vitesse max. | 209 km/h |
0-100 km/h | 7,9 s |
Consommation EEC | 7,5 l/100 km |
Réservoir | 85 l |
Environnement | Euro 5, DPF, 196 g/km CO2 |
Poids tracté (non-freiné) | 3500 (750) kg |
Boîte de vitesses | |
Type | automatique séquentielle |
Rapports | 8 |
Prix | |
HSE | 91.200 € |
Vogue | 101.200 € |
Autobiography | 114.900 € |